Lorsque nos enfants mutent en adolescents, prêts à rugir à la moindre remarque, la communication n’est pas un exercice facile.

Ambre Franrenet Cazaudehore, Auteure et coach en développement personnel

L’adolescence rime avec changement c’est incontestable.

L’adolescence rime avec changement c’est incontestable. Pour nos ados, le “tsunami” des hormones déclenchent les transformations physiques en passant par tous les bouleversements émotionnels associés et de nombreux changements au niveau du cerveau. Pas étonnant après ce raz de marée que vous ne reconnaissiez plus votre enfant! En effet, lorsque nos enfants mutent en adolescents, prêts à rugir à la moindre remarque, la communication n’est pas un exercice facile. Votre mission parentale se complique. C’est pourquoi je vous propose de suivre 10 conseils parentaux pour parler aux ados sans déclencher la 3ème guerre mondiale.

Respecter l’intimité de votre ado et donner de l’espace

L’adolescent construit sa carapace et pour cette raison, il peut vous juger intrusif. Ne vous braquez pas et apprenez à frapper à la porte de sa chambre avant d’entrer. De même, abstenez-vous de fouiller dans ses affaires (#son smartphone#tablette#ordinateur, etc.) ou encore d’interroger ses amis pour savoir s’il fume ou entretient une relation amoureuse. Ne commettez surtout pas l’erreur de partager pas ses secrets.

Votre ado a besoin de besoin d’un espace protecteur où il puisse s’isoler. Acceptez le fait que vous ne puissiez plus satisfaire tous ses désirs. Il doit chercher en dehors de la famille ce qui lui fait plaisir. De nos jours, la surprotection des parents prive les adolescents de liberté et ne les prépare pas correctement aux aléas de la vie. En respectant sa vie privée, l’ado devient plus ouvert à aborder des sujets importants avec ses parents et tout ceci participera grandement à valoriser la relation.

Etre discret et disponible à la fois

Pensez à manifester votre intérêt envers lui, ce qu’il fait, ce qu’il aime, ce qu’il projette dans l’avenir… Dans l’objectif de forger un adulte confiant mais aussi de l’inviter à s’exprimer spontanément.

Bien qu’ils puissent parfois râler au moment où vous l’interrogez, les adolescents apprécient le fait que vous vous préoccupiez d’eux. Montrez-vous ouvert car il est de notre devoir d’entrer dans leur monde pour faciliter la communication. Réfléchissez en amont aux sujets qu’il aimerait évoquer avec vous et qu’il n’ose peut-être pas lancer: la sexualité, la consommation d’alcool ou de drogues, la poursuite d’études, etc. Je vous suggère également de vous familiariser avec des sujets qui le passionnent. Abstenez-vous de tout jugement (au risque de couper la communication). Contrairement aux apparences, les ados ont besoin de sentir la présence et l’attention de leurs parents. Je vous suggère d’ailleurs de reprendre leurs mots quand vous discutez de leurs difficultés, ce qui permet de recevoir le signal que vous les comprenez.

Un bon parent doit se montrer discret et disponible à la fois, il doit être présent.

Etre attentif quand l’ado le décide

Il est préférable que ce soit votre ado vienne vers vous plutôt que le contraire (au risque qu’il se sente interrogé par le FBI et vous réponde en mode condescendant).

S’il est enclin à discuter, profitez-en et dans la mesure du possible et arrêtez-vous pour l’écouter sans l’interrompre. L’écoute active aidera votre enfant à se sentir valorisé et à prendre conscience que vous le prenez au sérieux. Même si vous n’êtes pas d’accord, en sachant écouter votre ado, vous saurez peut-être mieux appréhender le monde à sa façon, ce qui enrichira votre compréhension et déploiera votre capacité à l’empathie (même si ce qu’il vous raconte parfois ne vous intéresse pas). A bon entendeur!

Créer des échanges autour de tâches de la vie courante et valoriser les comportements positifs

Saviez-vous que les adolescents ont davantage tendance à s’ouvrir à leurs parents lorsqu’ils font ensemble des tâches ménagères ensemble ? La cuisine par exemple ou au cours d’un déplacement en voiture. Cela revient à dire qu’ils sont plus disposés à parler quand ils sont tout à fait à l’aise, en étant côte à côte et non en position de face à face. Ce constat me fait rebondir sur l’importance de les responsabiliser en leur confiant des tâches quotidiennes qu’ils n’auront plus à apprendre lorsqu’ils seront adultes. Pensez aussi à valoriser tout comportement positif et initiative de leur part. Exprimer votre contentement face à l’attitude de votre ado qui vous facilite le quotidien. Dites-lui par exemple: “Merci de m’avoir aidé à… parce que nous pouvons maintenant…”. Vous entendre exprimer votre gratitude permet de développer une bonne estime de soi et devenir autonome. En somme: responsabilisez votre ado qui s’apprête à construire sa vie. Les enfants ne nous appartiennent pas et nous avons justement pour mission de les aider à se construire pour qu’ils réussissent sans nous.

Proposer des activités ensemble

L’ado a besoin de prendre ses distances avec ses parents et préfère bien souvent se confier à ses amis… Etonnamment, il craint à l’inverse d’être abandonné. Ce qui vous permet de créer des occasions d’échanges autour de moments plaisants. Proposez-lui par exemple d’aller faire une partie de tennis ou n’importe quel sport que vous avez l’habitude de partager ensemble avec plaisir. Plus simplement, d’aller faire du shopping ou de sortir voir le dernier film d’action à l’affiche ou encore d’aller déjeuner dans votre pizzeria préférée ? N’importe quelle source de plaisir permet de resserrer les liens et de communiquer avec votre ado dans une ambiance de loisirs et de détente. Organiser des sorties ou des activités ludiques s’avère indispensable au bon équilibre de l’ado et tout à fait précieux. D’ailleurs si l’on se concentre sur les repas, source de communication, le conseil suivant est important à suivre si vous souhaitez maintenir un échange avec votre ado.

Prendre vos repas ensemble

Les repas en famille sont une magnifique occasion d’échanger librement avec nos ados et de renforcer le message que la famille c’est important. Installer des rituels familiaux – Par exemple: organiser des réunions de famille à l’occasion des anniversaires, se raconter le meilleur et le pire moment de la journée au moment du dîner, organiser une crêpe party le dimanche soir… Chaque famille invente ses traditions. Ces moments de partage permettent également de confronter les points de vu, lancer des débats, provoquer des rires et bien sûr, créer de beaux souvenirs pour plus tard. En partageant des moments, on partage des valeurs, des émotions et des idées. En échangeant, l’adolescent a le sentiment que ses parents s’intéressent à ce qu’il fait, il se sent exister et important. C’est aussi l’occasion d’apprendre que l’on peut ne pas être d’accord sans pour autant cesser de s’apprécier. Les recherches démontrent que si vous prenez au moins un repas en famille par jour, votre adolescent pourrait éviter d’expérimenter des comportements à risque.

Partager vos expériences

En évoquant vos propres expériences d’adolescence, et pas nécessairement les plus glorieuses, votre ado pourra se sentir plus à l’aise de vous confier ce qu’il traverse et ce qui l’interroge. Mais une fois de plus, il faudra savoir rester ouvert et sans jugement, ne pas adopter non plus de discours moralisateur s’il évoque un sujet qui vous met mal à l’aise. Rappelez-vous que “La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information.” (Albert Einstein).

Par ailleurs, ne lui dites surtout pas que vous savez ce qu’il ressent pour l’avoir éprouvé au même âge ou que “tous les adolescents connaissent cela”. Votre ado pourrait se sentir “mis dans un moule” alors qu’il a besoin de se différencier de vous et des autres.

Rester calme et respectueux avec votre ado

Quand l’humeur de votre ado est détestable, rappelez-vous comment vous étiez au même âge et garder votre calme dans la mesure du possible. Lorsque votre ado se montre sur les nerfs et peste contre une situation extérieure, apprenez à choisir les bonnes paroles qui raisonneront avec ses émotions. Au lieu de minimiser son stress face à ce qu’il traverse, dites-lui plutôt: “Je vois bien que cette situation te tracasse…”. Une fois de plus, apprenez à ne pas vous moquer car c’est une période où votre ado est à fleur de peau et souvent susceptible.

Modérez vos questions et vos longs discours (parfois moralisateur), tentez plutôt d’adopter un ton neutre et le plus agréable possible pour ne pas braquer votre ado. Respectez son point de vue en tenant compte de ses expériences et si la conversation tourne au vinaigre, coupez court et allez faire un tour ailleurs. Vous pourrez toujours remettre la question sur le tapis quand l’atmosphère sera revenue au beau fixe.

Accompagner les choix

Si votre ado est face à un choix, ne lui mâchez pas le travail. Il s’agit ici de vous investir sans vous imposer. Donnez-lui plutôt les clefs pour prendre une décision de lui-même. Je vous invite vivement à l’accompagner dans ses réflexions en pesant le pour et le contre de chaque possibilité. Vous pouvez lui dire: “Réfléchis à chacune de ces options en dressant un tableau avec une colonne “pour” et une colonne “contre”, et on en reparle ensuite. Tu pourras exprimer l’option qui te semble la plus acceptable et les raisons qui t’ont amené à faire ce choix.”

De plus, si vous lui proposez une solution toute faite, votre ado risque de vous le reprocher plus tard. Sachez que l’adolescent résiste là où le parent insiste. Faites-lui donc confiance dans ses choix car il n’y a pas de mauvaises expériences.

Savoir dire “NON”

J’ai gardé le meilleur pour la fin: Savoir dire “NON”.

En tant que parents nous avons tous expérimenté les réactions diverses et variées du jeune enfant face au refus. Avec un ado, ça reste COMPLIQUE. Il s’agit ici d’apprendre à répondre avec respect par la négative à la demande d’un adolescent. Pour ce faire, je suggère de prendre tout votre temps pour justifier les raisons qui motivent votre refus en restant ferme. L’important c’est qu’il enregistre que votre décision est motivée par une raison valable. Ce qui lui permettra de mieux accepter et de sentir respecté.

Même si l’ado ne vous le montre pas, il comprend parfaitement le refus et sait que le rôle de parent implique d’interdire avec bienveillance. L’adolescent a toujours besoin que ses parents lui dictent des règles pour se rassurer sur leur résistance parentale et lui éviter de succomber à ses tentations. Dire “non” revient à poser des limites. L’adolescent préfèrent d’ailleurs une position radicale à une position hésitante. Dire “NON”, revient à apprendre à l’ado à se différencier et s’individualiser – devenir autonome.

Livre parents ados

Ambre Franrenet Cazaudehore et Jade Cazaudehore – Parents-Ados, Comment se parler sans déclencher la 3e guerre mondiale – Ed. Josette Lyon à paraître

Source : https://www.huffingtonpost.fr/ambre-franrenet-cazaudehore/10-conseils-pour-parler-aux-ados-sans-declencher-la-3e-guerre-mondiale_a_23581321/?fbclid=IwAR0qokjEchW5YIMuOorH-ojj7suq6TnXXsO0Fl29TJSVK0QG3gVzqkEYiIA

Ambre Franrenet Cazaudehore est une praticienne psychocorporelle, née le 23 avril 1979. Elle a écrit plusieurs livres et donné des conférences et formations en développement personnel. Elle partage son temps entre ses consultations en région parisienne et à Montauban. Mère d’un petit garçon et belle-mère de deux adolescentes, elle anime régulièrement des stages pour favoriser l’autonomie et la pleine conscience.

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