De mon point de vue, on ne peut pas parler de « résilience » sans citer Boris Cyrulnik! En effet, grâce à lui, ce mot est entré dans notre vocabulaire courant.

Alors qu’est-ce que c’est que « la résilience », parmi toutes les définitions, j’ai choisi celle-ci :

C’est la capacité de faire face aux défis, de persister et rebondir d’une expérience difficile.

Les habilités de la résilience nous viennent de deux sources combinées ; certaines proviennent des habiletés positives acquises de nos familles, de notre éducation et de nos relations sociales et culturelles et d’autres relèvent de nos expériences personnelles.

Les outils de la résilience sont des forces individuelles et organisationnelles qui nous permettent plus facilement de gérer le changement, de s’ajuster au changement et d’apprendre de l’expérience vécue.

L’idée de cette vidéo est de vous brosser une esquisse de ce concept merveilleux. Pour résumer : un sujet vit un traumatisme (par exemple : un deuil précoce, un abandon, de la maltraitance, de la violence, un contexte de guerre…), s’offre à lui, 2 voix possibles :

*Soit l’individu en question se soumet (et va souffrir),

*Soit il se rebelle pour transformer la douleur en cherchant à l’intérieur de lui une force qui va devenir un véritable moteur dans la vie.

Alors évidemment face à un traumatisme, personne ne réagit de la même manière car il y a autant d’individu qu’il y a d’univers unique. Et dans une situation très douloureuse comme le décès brutal d’un parent (par exemple) au sein d’une famille de 4 enfants ; l’âge va entrer en jeu comme facteur d’influence ainsi que la personnalité de l’enfant, dans la notion de résilience. Disons que même si les enfants sont « sculptés » par leur milieu, un enfant de 7 ans ne vivra pas le départ du papa de la même manière que son frère de 17 ans ou plus… De manière générale, il s’agit de comprendre que certains enfants vont acquérir des facteurs de protection car la 1ère écologie est bien en place (c’est-à-dire d’une mère présente et aimante avec un père protecteur). Ainsi, lorsque ces enfants font face à un événement traumatisant, comme ils ont acquis ces facteurs de protection, ils vont pouvoir affronter et rebondir.

A l’inverse, des individus qui dans le socle de la petite enfance (qui correspond aux 3 première années de vie) ont acquis des facteurs de vulnérabilité – en évoluant par exemple dans un foyer violent, marqué par la précarité ou une mère absente, malade, hospitalisée… Face au même traumatisme rencontré (par rapport aux enfants cités précédemment), ces derniers ne seront pas « outillés » pour rebondir. Ici, la résilience devient vraiment difficile. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est impossible mais ce chemin sera rendu possible en étant accompagné, la plupart du temps, par un professionnel.

J’ai parlé dans ma vidéo portant sur les relations parents-ados de l’évolution de la place des enfants au cours des 4 dernières décennies, je vous invite à la visionner si le sujet vous intéresse : cf : https://www.youtube.com/watch?v=_tXU0mRWNXw&t=176s

Dans celle-ci, j’ai abordé le fait que l’enfant d’aujourd’hui a les mêmes droits que ses parents, le même niveau d’égalité, c’est-à-dire qu’il a le droit de parler à table comme son père et sa mère (ce qui, pour rappel, n’était pas le cas il y a peu), on a également vu que certains enfants de la “génération 68ards”, en contradiction avec l’éducation autoritaire qu’ils avaient reçu, ont pu avoir tendance à basculer dans un modèle éducatif inverse, marquée par une absence de limite. Le problème c’est qu’en tombant dans le côté inverse, en “en faisant trop”, on a “étouffé” ces enfants sans leur fournir de cadre, de règles à respecter, etc.

Retenons la loi de l’équilibre dans tout, autrement dit, le bon rythme consiste à être présent tout en sachant prendre de la distance, en ayant su planter préalablement une graine de la confiance à l’intérieur de chaque enfant. C’est ce qui permet de créer la joie au moment de se retrouver tout en offrant la possibilité à l’enfant de supporter l’absence.

Boris Cyrulnik a remarqué que les enfants d’enseignants étaient parmi les plus sécurisés car ils comprennent ce que font leurs parents en dehors de la maison (le métier qu’ils exercent quand ils ne sont pas au domicile familial). Ainsi, ils vivent une séparation tout en ayant le privilège de partager beaucoup de temps avec leurs parents.

On sait aujourd’hui, grâce à l’imagerie médicale et aux neurosciences, que le l’abandon d’un enfant va altérer certaines zones de son cerveau. Par exemple, des atrophies peuvent être constatées au niveau du cerveau limbique, ce qui va engendrer des difficultés dans la gestion des émotions. Heureusement tout peut se réparer.

Retenez que ce qui sécurise un enfant en 1er lieu, c’est sa mère. Quand on parle « d’enfant facile » c’est généralement parce que l’enfant a tous les ingrédients pour évoluer sereinement : il se sent sécurisé et aimé dans son environnement.

Chaque enfant a une vision unique du monde et son cerveau est sculpté différemment par l’environnement qui le constitue (la famille, le lieu géographique dans lequel il évolue, etc.), c’est ce qui fait que face à n’importe quel événement, deux individus ne réagiront pas de la même manière.

En effet, nous sommes constamment façonnés par notre milieu mais qu’on peut agir dessus, et ce degré de liberté s’appelle « LA RESILIENCE ». Ce qui veut dire qu’on peut se remettre de tout à partir du moment où on agit sur son environnement ! Même si on réagit différemment avec ce degré de liberté, cela veut également dire qu’on peut utiliser sa blessure pour en faire une véritable force, un moteur ! Par exemple, après la perte d’un enfant qui souffrait d’une maladie rare, ça peut être de créer une association en collectant des fonds pour participer à la recherche pour soigner cette maladie ou d’écrire un livre pour montrer quel sens on a trouvé  derrière l’épreuve, comment on a su se relever en adoptant un nouveau regard sur la vie, etc. Les exemples de résilience ne manquent pas et c’est toujours ce même principe qu’on retiendra : « qu’est-ce qu’on en fait ? Quelle histoire j’ai envie d’en faire, quel film intérieur j’ai envie d’écrire pour que l’alchimie opère et que je trouve du sens pour grandir en conscience ».

Bien sûr, si on prend l’exemple d’une personne qui a grandi aux côté d’un père très dur, voir humiliant, il est possible que l’individu en question ait pu se replier sur lui-même et avoir une piètre image de lui-même (et donc une mauvaise estime et confiance en soi).  On pourra dire de lui qu’il a une personnalité introvertie marqué par des mots qui traduisent une grande dévalorisation. Au contraire, son frère aura pu en faire une vraie force avec les années, ne serait-ce que qu’ il voulait prouver à tout prix à ce père qu’il n’est pas aussi « minable qu’il le prétend ». Dans ce second cas, on comprend que la personne va utiliser ses trauma pour en faire un véritable moteur pour qui va l’aider à se dépasser (dans le domaine professionnel par exemple). Ce qui montre bien qu’il s’agit de donner du sens à ce qu’on rencontre pour pouvoir en faire une véritable force (la posture contraire étant de subir l’épreuve en se figeant sans réagir).

Dans cette vidéo j’ai cité Hal Herold, auteur du livre « Miracle Morning », modèle de résilience à mes yeux. Dans son histoire, là où bien d’autres personnes ont pu se considérés « détériorés, cassés à tout jamais » et condamnés à mourir. Cet homme a su faire de son histoire une hygiène de vie qu’il a partagée et inspirée à travers le monde pour ritualiser une routine quotidienne de bien être.

Une fois de plus, on voit vraiment que c’est la sécurité ou la vulnérabilité qui va faire la différence de tout changer !

Autre exemple à échelle collective : si vous prenez des exemples d’évènements traumatisants qui ont marqué des villages où les habitants ont tout perdu, au milieu des inondations ou tout autre catastrophe naturelle. Dans de tels contextes, il est courant de constater des élans de solidarités exceptionnels. Personnellement, j’ai été touchée de près par un séisme majeur en 2016 qui a frappé la côte ouest du Nord de l’Equateur, avec un bilan humain très lourd et des dégâts considérables. Au milieu de toutes les histoires terribles entendues de nombreuses familles touchées directement par le tremblement de terre, j’ai vu de magnifiques énergies au milieu des décombres : une générosité immense, une entraide exceptionnelle, la fierté d’aider son prochain et une plus grande estime de soi. D’ailleurs, ces magnifiques qualités et valeurs autour de l’entraide ont perduré après cette catastrophe naturelle.

Boris Cyrulnik nous apprend que “le malheur n’est pas une destinée, rien n’est écrit à l’avance et on peut tout dépasser”. Je partage cette conviction, c’est d’ailleurs ce qui me permet d’accompagner de nombreuses personnes à sortir de leurs schémas répétitifs de souffrance et de transformer leur regard afin d’en faire une force et gagner en sérénité.

C’est en reprenant les mots de Boris Cyrulnik que j’ai choisi de conclure ce sujet : « Le malheur n’est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d’organiser une autre manière de comprendre le mystère de ceux qui s’en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d’adversité ».

Avec toute mon affection,

Ambre Cazaudehore

Ambre Franrenet Cazaudehore est une praticienne psychocorporelle, née le 23 avril 1979. Elle a écrit plusieurs livres et donné des conférences et formations en développement personnel. Elle partage son temps entre ses consultations en région parisienne et à Montauban. Mère d’un petit garçon et belle-mère de deux adolescentes, elle anime régulièrement des stages pour favoriser l’autonomie et la pleine conscience.

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