Le dialogue est un vrai challenge pour le couple. C’est d’ailleurs la crainte des jeunes couples qui sentent que leur union est fragile. Ils ont peur d’être déçus l’un par l’autre ou de provoquer un conflit. C’est pour cette raison que certains couples commencent à vivre ensemble sans oser jamais discuter à cœur ouvert, par peur de voir l’autre partir.

Alors que d’autres sont tétanisés par la peur de perdre. Ils arrivent dans mon cabinet en me confiant leurs ressentis :   « J’ai peur de le perdre, de dire ou de faire quelque chose qui sera rédhibitoire », « J’ai peur d’être moins bien que ses ex, de ne pas être à la hauteur ». « Quand je le vois, je me montre toujours souriante, je lui fais croire que tout va bien, je veux être irréprochable »,  « Quand quelque chose me déplaît, je le garde intérieurement, j’accumule les non-dits et les migraines. Je ne sais plus qui je suis et je m’efface petit à petit ».

Règle N°1 :

Pour s’aimer, il faut pouvoir parler librement.

Prendre le temps de parler de ce qui est important pour vous, à chaque étape importante de votre relation. Comment espérer former un couple qui dure si vous ne pouvez pas vous parler en toute confiance ? Et comment espérer que la relation perdure si vous n’avez posé ensemble les fondations en répondant à des questions telles que : « Que voulons-nous vivre ensemble ? Voulons-nous nous engager ? Avons-nous des valeurs communes – et/ou un projet commun ? »
Quand les sujets sont posés et que l’échange s’est fait, si les désaccords sont trop nombreux, vous pourrez plus facilement prendre conscience qu’un fossé vous sépare et éventuellement décider de mettre un terme à la relation sans regret et surtout sans se faire mal de part et d’autre. C’est grâce au dialogue qu’un couple peut avancer et grandir. On n’est pas obligé d’être d’accord sur tout mais ce que j’appelle les « fondamentaux » aident à miser sur la pérennité du couple.

Il est vrai que certains hommes ont peur de l’engagement mais pas tous, certains ne veulent pas s’engager du tout alors que d’autres préfèrent prendre leur temps pour d’évaluer si OUI ou NON ils souhaitent s’investir dans une relation durable. Il est certain que si vous ne connaissez rien de votre partenaire (sa famille, ses proches), qu’aucun projet ne se dessine entre vous et que vous ne partagez rien ensemble, après plusieurs mois, vous êtes en droit de penser que votre partenaire a peur de l’engagement. Il s’agira alors d’identifier l’origine de sa crainte. Le plus classique réside souvent autour de la peur de perdre sa liberté et/ou la peur de revivre les mêmes difficultés qu’avec son ex. L’infidélité par exemple peut également laisser un trauma qui influence le partenaire à être méfiant ou prendre du recul. Mais il existe pléthore de raisons qui font que l’autre n’a pas le temps que vous souhaiteriez qu’il vous accorde (ex : un emploi du temps surchargé et/ou la distance qui vous sépare n’aide pas à se projeter à deux). Plus douloureux à regarder votre partenaire ne se sent pas aussi bien que vous dans la relation. Il reste, faute de mieux ou par peur de vous blesser. Il s’agit dans ce cas d’être attentif à ses réactions et réflexions à votre égard pour voir là où ça « pêche » (relations sexuelles, certaines de vos habitudes, manque d’attirance…).

La peur de l’engagement ne se dépasse pas du jour au lendemain, la gestion de ses émotions et, une fois de plus, la communication sont de mise ! Les hommes et les femmes ne fonctionnent pas de la même manière. Rappelez-vous « les hommes viennent de Mars et les femmes, de Venus », dans l’inconscient collectif, l’homme ne doit jamais rien montrer sous peine d’exposer ses faiblesses et de porter atteinte à sa virilité. Il est préférable de rassurer l’autre quand vous avez identifié une peur de l’engagement. Vous devez être en mesure de trouver les mots justes pour lui montrer qu’une relation sérieuse ne rime pas forcément avec prison et crise de jalousie.

Pour éviter de tomber dans le piège des non-dits, il est indispensable d’apprendre à vous connaître et de passer du temps à vous raconter qui vous êtes, ce que vous faites, ce que vous aimez (goûts, passions), quels sont les souvenirs qui ont marqué votre enfance, ce qui est important à vos yeux. Si vous avez du mal à trouver des sujets de conversations qui vous réunissent, commencez par la base : demandez-lui comment s’est passée sa journée, intéressez-vous à son travail ou ses hobbies et un minimum sur son passé.  N’oubliez pas de parler de vous, vos loisirs favoris, les endroits où vous avez grandi et passé vos vacances, etc. Et permettez à votre partenaire de faire de même en l’écoutant attentivement et sans jugement. Trouvez le juste milieu entre le mode « Je me tais car je risque de dire une bêtise » et celui de « Je m’exprime uniquement pour critiquer et me défendre ». 

Evidemment pour les personnes qui ont des difficultés à s’exprimer par la parole (par timidité, ou manque d’habitude d’exprimer leurs sentiments), entretenir une bonne communication peut poser problème. Dans ce cas, il est important de mesurer l’impact d’une bonne communication au sein d’un couple pour se donner de la motivation, je vous invite à tester une ou plusieurs séance(s) de coaching pour apprendre à écouter sans jugement et communiquer avec bienveillance et honnêteté (CNV*). Pour les plus frileux à l’idée de passer la porte d’un cabinet, vous pouvez commencer par vous procurer un ouvrage sur le sujet. Par exemple, J. Salomé, psychosociologue spécialiste des relations humaines a touché des millions de personnes avec quelques titres très évocateurs comme : « Parle-moi j’ai des choses à te dire » (les éditions de l’homme), « Aimer et se le dire » (du même éditeur), « Du meilleur de soi au meilleur de l’autre » (J’ai lu), ou encore « Je croyais qu’il suffisait de t’aimer » (édition Albin Michel), etc. Je déplore que la communication (notamment la Communication Non Violente ne soit toujours pas enseignée à l’école).

Dans le cas des jeunes/nouveaux couples, quand vient le moment de s’impliquer davantage pour concrétiser la relation, certaine personne se sente envahi par le doute : « Est-elle la bonne personne avec qui je devrais partager ma vie ? ». Derrière cette question se cache parfois la peur de perdre sa liberté et son autonomie. Et c’est un cercle vicieux car c’est en étant sur la réserve que le doute persiste et que la personne ne s’autorise pas à exprimer pleinement ses sentiments.

En posant des questions à votre partenaire sur ce qui le dérange le plus ou au contraire, ce qui lui semble le plus important, vous allez découvrir ses barrières. Apprenez à ne pas vous positionner en victime mais à changer d’angle de vue : au lieu de vous focaliser sur sa peur de l’engagement, mettez-le face à sa peur de vous perdre en prenant de la distance ! Savoir prendre son temps sans précipitation et éventuellement « tester » le manque (par la distance) permet de mesurer l’amour que vous vous portez mutuellement !

Pour être à l’aise dans son couple il faut apprendre à vaincre sa timidité et travailler sa confiance en soi. (Règle N°2).

Avoir une bonne estime de soi revient à connaitre ses atouts et ses faiblesses. Sachez tirer des leçons de votre passé et n’ayez pas peur de réitérer les mêmes.

Trouver des opportunités pour passer des moments à deux est un excellent moyen de renforcer le lien : tester une nouvelle activité, partager un sport ensemble…
L’environnement du dialogue a une place importante : des dîners en tête-à-tête, des promenades, des déplacements communs, des week-end… Car le fait d’être systématiquement en groupe (que ce soit avec les amis ou la famille) ne permet pas de cultiver l’intimité. L’équilibre est la clée.

Une autre règle d’or du couple : Le Respect des temps de parole. La bonne nouvelle c’est que plus vous instaurerez des moments à deux, plus votre complicité va croitre.

Evidemment il existe d’autres pièges que l’absence de communication qui peuvent abimer le couple. Une grande part des clients qui viennent me consulter menace de mettre fin à leur relation parce-que l’essentiel de leurs discussions se résume à l’accumulation de leurs problèmes personnels. Prenez un peu de recul, imaginez la scène… Vous avouerez que de se voir autour d’un dîner au demeurant romantique qui prend des allures de bureau des pleurs ne donne pas vraiment envie de réitérer l’expérience. Je vous invite donc à prendre quelques minutes pour réfléchir honnêtement à vos échanges et conclure si vous êtes concerné ou pas par ce modèle d’échange.

J’ai également constaté à travers les histoires de mes patients que les relations sexuelles engagées trop rapidement peuvent court-circuiter le dialogue. Dans ce cas, la sexualité a pris toute la place et au moment où elle s’essouffle, les deux partenaires réalisent (ou pas) qu’ils n’ont pas appris à se parler et que les fondations ne sont pas posées. Résultat, ils n’ont plus grand-chose à se dire et peuvent rapidement se tourner ailleurs pour maintenir l’excitation à son comble avec quelqu’un d’autre. Bien sûr s’ils répètent le même schéma sans en prendre conscience, la construction sera difficile.

Je passerai les « tues-l’amour » dans cet article dont la liste est longue (les poils, les rots, les pets, les odeurs corporelles, etc.) et mériterait un post à part entière.

Sortir du jeu de la séduction est indispensable pour faire durer son couple. Soyez vrai, assumez d’être la magnifique personne que vous êtes, vous êtes unique, montrez votre authenticité, vous gagnerez du temps et de l’assurance.

Après avoir travaillé en séance sur l’estime de soi d’une patiente, elle m’a raconté que le jour où elle avait réussi à mettre les limites qu’elle n’avait jamais posées, son partenaire lui a dit qu’il avait été soulagé qu’elle prenne enfin position car il avait besoin d’une femme de caractère à ses côtés. Et que jusqu’ici, il avait plutôt eu le sentiment qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait et qu’elle acceptait tout de lui !

A force d’avoir peur de perdre l’autre, c’est soi-même que l’on risque de perdre de vue. Savoir ce que l’on veut ou pas car la personne en face de vous a besoin d’une présence, savoir à qui il a à faire. En acceptant des choses qui ne nous plaisent pas, on entretient des rancœurs qui font généralement exploser la cocotte-minute au bout du compte.

Moralité : La séduction est une première étape incontournable dans la construction du couple mais elle doit rapidement laisser la place à l’authenticité. Sachez exprimer vos désirs dans le couple comme au lit. Enfin, rappelez-vous que celui qui reste cantonné derrière ses attentes prend le risque d’être déçu s’il ne les exprime pas !

Si malgré ces conseils vous n’arrivez toujours pas à communiquer, n’hésitez pas me contacter en couple ou en solo.

Ambre Cazaudehore

Ambre.franrenet@gmail.com

*CNV : La communication non violente (CNV) est un processus de communication élaboré par Marshall B. Rosenberg. Selon son auteur, ce sont « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant ». L’empathie est au cœur de la CNV, entamée dans les années 1970, ce qui constitue un point commun avec l’approche centrée sur la personne du psychologue Carl Rogers dont Marshall Rosenberg fut un des élèves. L’expression « non violente » est une référence au mouvement de Gandhi2 et signifie ici le fait de communiquer avec l’autre sans lui nuire. Marshall Rosenberg s’appuie également sur les travaux de l’économiste chilien Manfred Max-Neef, qui a ana

Ambre Franrenet Cazaudehore est une praticienne psychocorporelle, née le 23 avril 1979. Elle a écrit plusieurs livres et donné des conférences et formations en développement personnel. Elle partage son temps entre ses consultations en région parisienne et à Montauban. Mère d’un petit garçon et belle-mère de deux adolescentes, elle anime régulièrement des stages pour favoriser l’autonomie et la pleine conscience.

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