L’homme possède 3 cerveaux : un situé au niveau de la tête, un second dans le ventre et un autre dans le cœur. Ils ont tous en commun un système nerveux composé de neurones (avec plus de 100 milliards dans la tête, près de 200 millions dans le ventre, et 40000 dans le cœur).
Je vous propose de les survoler rapidement pour identifier un chef, un cerveau qui « commande », qui prend les rênes.
Le premier (au niveau de la tête) est certainement le plus connu. Je m’abstiendrais donc de vous faire une présentation détaillée sur ce dernier en retenant qu’il est composé de 3 parties : reptilien, limbique et néocortex qui forment un tout.
Plus qu’un long discours voici un tableau récapitulatif des grandes notions que l’on peut retenir facilement :
LUDIQUE | COGNITIF | PEDAGOGIQUE |
Le cerveau reptilien | Le cerveau limbique | Le néocortex |
Ce cerveau décide instinctivement. Il est le centre de nos comportements primaires (instinct de survie, conservation…) de notre contrôle moteur et assure nos besoins fondamentaux (respiration, alimentation…). Il est également impliqué dans certaines fonctions cognitives comme l’attention, la régulation de réactions de peur, et de plaisir). C’est un cerveau binaire (OUI/NON) et une même situation entrainera toujours la même réponse. Cette réponse est immédiate, semblable à un réflexe et en fonction de l’information, du visuel ou de la situation, cette partie de notre cerveau décidera et prendra le dessus sur le cerveau limbique et le néocortex. | Ce cerveau mémorise, s’émeut et décide. C’est le centre des émotions, de la mémoire à long terme. Il fait partie du processus de décision et communique ses résultats aux 2 autres cerveaux. C’est aussi le mécanisme de motivation, échecs et réussites, plaisir et déplaisir. Ce cerveau décide émotionnellement. Dans une situation de prise de décision, le cerveau limbique (siège des émotions) contrôle et valide les choix provenant du cortex (raisonnement). | Ce cerveau pense. Centre du raisonnement, de la compréhension, de la logique, de la conscience. Il s’occupe de traiter les données rationnelles et de partager ses conclusions avec des 2 autres cerveaux. |
Le cerveau de l’Homme fascine depuis la nuit des temps, il fait toujours l’objet de recherches approfondies par les neurosciences et la psychologie cognitive qui apportent régulièrement de nouveaux éclairages et des remises en question (qu’il s’agisse de son architecture comme de son fonctionnement : la manière dont le cerveau apprend au long de la vie, le mécanisme de la mémoire, les émotions, l’asymétrie cérébrale, etc.). Avec l’apparition de la plasticité, les neuroscientifiques* ont démontré que le cerveau dispose d’une grande capacité d’adaptation aux demandes de son environnement. Des connexions neuronales sont créées ou renforcées, d’autres sont affaiblies ou éliminées, selon les besoins.
Passons maintenant au « 2ème cerveau » : l’intestin**.
Bien qu’il ait fait couler beaucoup d’encre au cours de ces dernières années, l’intestin héberge 200 millions de neurones (autant que le cerveau d’un chien ou d’un chat). Ces neurones communiquent en permanence avec ceux du cerveau. Dans le cadre de l’axe cerveau-intestin, les recherches récentes s’intéressent au microbiote intestinal et à ses 10 000 milliards de bactéries. Les chercheurs se penchent toujours sur les liens entre les déséquilibres du microbiote intestinal susceptibles d’être impliqués dans certaines maladies neurodégénératives (comme Parkinson ou encore Alzheimer), des troubles de l’humeur (stress, anxiété) ou autres maladies psychiques (dépression, autisme, etc.). Ceci explique sûrement la raison pour laquelle il y a tant de succès autour des cures de jeûne. Ce n’est pas un hasard non plus si notre langue utilise des expressions populaires telles que : « avoir le ventre noué ou la peur au ventre », « avoir les tripes qui parlent », « avoir des papillons dans l’estomac », « se mettre la rate au court-bouillon », « se faire de la bile », etc. Bien avant que les preuves scientifiques ne leur donnent raison, ces expressions populaires imageaient parfaitement le lien entre le ventre et les émotions.
Aujourd’hui bon nombre de recherches et de livres sur le sujet nous permettent d’affirmer le fait que l’intestin et le cerveau sont connectés. Le système nerveux central est en interaction permanente avec le tube digestif. Cette connexion bidirectionnelle se fait principalement par les voies nerveuses sympathiques et parasympathiques du système nerveux autonome.
Des études de plus en plus nombreuses documentent cet axe (intestin-cerveau), en particulier concernant différentes affections psychiatriques. Certaines communautés de notre microbiote pourraient en effet jouer un rôle majeur dans la fonction et la chimie du cerveau. Sachant en plus que 95% de la sérotonine (hormone de la sérénité) est produite au niveau de l’intestin et qu’elle prend part aux échanges entre le cerveau et l’intestin. Ensuite, c’est le microbiote intestinal qui interagit également dans cet « échange » puisque des recherches récentes ont suggéré qu’il jouerait un rôle sur le fonctionnement cérébral et certains troubles psychiques comme le stress ou l’anxiété.
Retenons simplement que le microbiote intestinal joue un rôle sur nos comportements et notre réactivité émotionnelle. Face à des situations stressantes, le cerveau envoi des messages à l’intestin ; ce dernier se contracte, provoque des spasmes et modifie ainsi le transit intestinal. En période de fort stress ou de dépression, le système digestif produira plus de ghréline (une hormone qui contrôle l’appétit et la perte de graisse). En bref, santé psychique, digestive et métabolique sont intimement liées !
Et nous voilà au dessert ! Nous avons choisi de gardé le meilleur pour la fin en abordant maintenant l’intelligence du cœur***.
La plupart des gens ignore que le cœur contient un système nerveux indépendant avec plus de 40 000 neurones et un réseau complexe de neurotransmetteurs, de protéines et de cellules de soutien.
Grâce à des circuits élaborés, le cœur peut prendre des décisions et agir indépendamment du cerveau. Par exemple, il peut apprendre, se souvenir et même percevoir.
Le cœur possède 4 types de connexions qui partent de lui en direction du cerveau :
La connexion neurologique
Du cœur au cerveau, il y a une communication neurologique par la transmission d’influx nerveux, dans les neurotransmetteurs. Le cœur envoie plus d’informations au cerveau qu’il n’en reçoit, il est le seul organe du corps à posséder cette propriété. Il peut inhiber ou activer certaines parties du cerveau en fonction des circonstances. En d’autres mots, cela veut dire que le cœur peut influencer notre perception de la réalité, nos réactions et donc notre façon de penser.
La connexion biochimique
Le cœur transmet des informations biochimiques par la production et la libération d’hormones. Par exemple, le cœur produit l’hormone ANF qui assure l’homéostasie. L’un de ses effets est d’inhiber la production de l’hormone de stress et d’enclencher l’hormone de l’attachement (l’ocytocine).
La connexion biophysique
Par les ondes de pression du rythme cardiaque et ses variations, le cœur envoie des messages au cerveau et au reste du corps.
La connexion énergétique
du cœur est permise grâce aux champs électromagnétiques. C’est d’ailleurs le plus puissant de tous les organes du corps, il est 5 000 fois plus intense que celui du cerveau. Nous savons que le champ varie en fonction de l’état émotionnel du sujet. Par exemple, quand une personne ressent de la peur, son champ électromagnétique est perturbé. Sachant que ce champ entoure le corps, tout l’environnement reçoit l’information énergétique contenue dans notre cœur et réciproquement.
Les recherches ont permis de mettre en lumière le fait que le circuit du « cerveau du cœur » est le premier à traiter l’information, qui passe ensuite à travers celui de notre cerveau (situé au niveau de la tête). On peut donc dire que le cœur tient les rênes.
Il existe deux types de variation de la fréquence cardiaque : l’une est harmonieuse, en vagues larges et régulières. Elle prend cette forme quand le sujet ressent des émotions élevées. Alors que l’autre est désordonnée, avec des ondes incohérentes quand le sujet ressent de la peur ou de la colère par exemple. Concrètement, les ondes cérébrales se synchronisent avec les variations du rythme cardiaque, ce qui signifie que le cœur entraîne la tête. On peut donc dire que le cœur est l’expression d’un état de conscience intelligente.
Puisque le cerveau du cœur active dans le cerveau (au niveau de la tête) de nouveaux centres de perception qui interprètent la réalité sans s’appuyer sur des expériences passées, ce circuit ne traverse pas les anciens souvenirs. Ainsi, sa connaissance est immédiate et instantanée, ce qui veut dire qu’elle permet une perception plus objective de la réalité. Ceci montre bien que lorsqu’une personne fait appel au cerveau du cœur pour créer un état de cohérence biologique, tout est aligné, tout s’ouvre et s’harmonise dans un parfait équilibre.
Toutefois, ce circuit « cœur-cerveau » est un potentiel qui commence seulement à être reconnu et plus accessible. Pour « activer » cet axe, voici quelques recommandations précieuses :
- Cultiver les qualités du cœur (ouverture aux autres, écoute, patience, tolérance, empathie, gratitude, échanges, etc.)
- Faire confiance à notre intuition
- Cultiver des pensées positives
- Accueillir pleinement nos émotions sans les juger
- Accepter que l’origine de nos réactions émotionnelles ne réside pas dans ce qui se passe à l’extérieur, mais bien à l’intérieur de soi puisque nous sommes responsables de tout ce que l’on rencontre
- Se libérer de tout ce qui mène à la séparation (la peur, le désir, la domination)
- Entrer contact avec la nature et notre nature profonde
- Prendre du temps pour se recueillir, méditer
- Prendre du temps pour nous-même et les autres
- Apprendre à interroger notre cœur (l’intelligence supérieur)
Cette idée que le cœur prend les commandes corrobore avec la vision de la Médecine Traditionnelle Chinoise qui place le cœur au centre du « Shen » (terme chinois qui englobe les émotions, la conscience, l’esprit et le psychisme). Traditionnellement, ce terme se réfère au mécanisme de changement, au mystère de la transformation subite et profonde. Le cœur est le maître du corps et l’empereur des réseaux d’organes. Le livre ancien des définitions [Nei Jing] se réfère au cœur en tant que gouvernant du corps humain, le siège de la conscience et de l’intelligence. Les 12 méridiens du corps obéissent aux ordres du cœur.
« Le cœur a ses raisons que la raison ignore » – Pascal. Cette citation philosophique est l’une des plus reprises parmi les expressions populaires. En effet, la logique du cœur est une notion qui a été développé par le Philosophe Pascal au 17ème siècle. Ce philosophe a tenté de penser la logique du cœur alors qu’en général on oppose ces deux notions (la logique et le cœur) en mettant le cœur du côté du sentimental et la logique de l’autre.
Au regard de ces 3 cerveaux et de leurs axes de communication, on peut donc conclure en disant que la voie ou la voix du cœur est toujours celle qui mène le plus rapidement à l’essence.
Personnellement, je crois profondément qu’on a besoin plus que jamais de redevenir pleinement « humain » en passant par la redécouverte de la logique du cœur tout en développant davantage de confiance en l’intelligence du cœur.
Ambre Cazaudehore
Pour approfondir ce sujet :
*Si vous souhaitez vous documenter de manière ludique et pratique sur le cerveau, je vous propose de découvrir le livre d’Idriss Aberkane grâce à la ” neuroergonomie “. Il s’agit de découvrir comment utiliser au mieux votre cerveau à l’école, au travail et dans tous les domaines de votre existence.
**Pour plus d’informations sur le 2ème cerveau, je vous recommande de lire « le charme discret de l’intestin » de Guilia Enders.
*** Plus d’informations sur le cœur aux commandes, je vous invite à lire les ouvrage d’Annie Marquier auteure de : «Le pouvoir de choisir», «La liberté d’être» et «Le maître dans le cœur»