Face au constat du nombre croissant de célibataires, de personnes divorcées et d’amoureux qui ne se retrouvent plus qu’en week-end, j’ai eu envie de dédier un post autour du couple pour mieux accompagner les personnes désireuses de mettre plus de conscience et d’harmonie dans leur foyer.

Evidemment bon nombre d’ouvrages autour de l’évolution du couple amoureux, en choisissant des qualificatifs divers et variés pour décrire les différentes étapes susceptibles d’être traversées.

Personnellement, j’ai choisi de m’inspirer du livre « Psychothérapie » dans lequel Patricia D’Angeli met en lumière les 5 STADES DANS L’EVOLUTION DU COUPLE résumés ci-dessous :

  1. Le couple instinctif (aussi appelé romantique):

Les hommes et les femmes sont attirés par un partenaire qui par sa présence soigne leurs blessures. Ainsi, les hommes sont principalement attirés par l’image idéale de leur Féminin intérieur (« anima ») et les femmes par leur Masculin intérieur (« animus »).  

Ce n’est jamais consciemment qu’on choisit notre partenaire, c’est l’inconscient qui décide !

Dans le ventre de notre mère, l’être humain ressent une sensation de plénitude, c’est à partir de la naissance et dans le socle de l’enfance qu’il va ensuite rencontrer différentes blessures. Ces dernières créent nos manques affectifs et nous nous voyons alors comme des êtres incomplets, en quête à l’extérieur, d’une personne à même de combler nos manques et de guérir nos blessures.

Evidemment, comme nos blessures sont des besoins réprimés, on cherche chez l’autre, quelqu’un qui va exprimer ces besoins. Typiquement, une personne qui a réprimé ses sentiments va rechercher un partenaire qui les exprime facilement. Rien de plus logique puisque nous recherchons chez l’autre ce que nous n’arrivons pas à vivre seul. C’est la raison pour laquelle, à deux on se sent complet, d’où l’expression « c’est ma moitié » pour présenter son partenaire. Cette expression souligne à merveille à quel point l’autre vient remplir le vide affectif de nos blessures.

Autre expression communément utilisée : « j’ai l’impression de te connaitre depuis toujours » – ces mots traduisent le besoin de complétude lié à l’amour parental. Et comme nos parents n’ont pas pu nous aimer « parfaitement » et nous protéger de nos blessures, on s’imagine illusoirement que notre partenaire le fera, en faisant de nous des êtres entiers, à l’image d’un père ou d’une mère idéale pour notre enfant intérieur ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle notre partenaire ressemblera à notre parent de sexe opposé. Sauf en cas de rébellion, et dans ce cas, la personne choisira l’opposé exact de ce qu’était son parent (ce choix se réfèrera tout de même à l’exemple parental). Dans tous les cas, le choix amoureux se fait toujours à partir d’une référence à l’image intérieure de nos parents.

Pendant la phase amoureuse et romantique, nous jouons au « conjoint idéal » : la personne comble nos blessures les plus importantes et vice-versa. Le désir de fusion est très fort et notre corps nous inonde d’hormones qui endorment notre sens critique et nous plonge dans un état de transe pour mieux nous préparer à l’accouplement. Cette période d’état amoureux est variable, jusqu’à ce que les hormones diminuent, ce qui marque l’apparition des blessures qui remontent à la surface.

  1. Le couple conflictuel:

Chez les animaux, ce stade précède la séparation avant la prochaine période d’accouplement, alors que chez les humains, c’est généralement le moment où la vie à deux commence, avec les tracas du quotidien et les masques des illusions qui tombent.

A ce stade, le partenaire est vu sous un autre angle, on découvre ses défauts et si l’on y prête bien attention, on peut voir en lui ceux de notre père ou notre mère. Certains couples survivent à ce stade, d’autres s’adaptent au milieu des conflits, puis le couple s’équilibre plus ou moins, dans une relation de dominant-dominé. Le quotidien est teinté de compromis, sacrifices, ou encore de sentiments de culpabilité…

Suivant l’intensité des crises et le degré d’acceptation, le couple ou l’un des partenaires peut s’épuiser, décider de se séparer ou au contraire d’évoluer (chacun de leur côté ou ensemble). Peut se présenter différentes solutions : quitter la maison, prendre un amant, se noyer dans le travail ou toute autre échappatoire, suivre un stage de développement personnel, s’engager dans une thérapie individuelle/de couple, etc.

Si le fossé devient trop grand, il y a de grandes chances pour que le couple se sépare et se mette en quête de trouver un partenaire plus « conforme » illusoirement mais identique dans le fond, puisque l’inconscient attire toujours à lui ce qui lui ressemble. Ce qui veut dire que tôt ou tard, le nouveau partenaire viendra réveiller les anciennes blessures à travers des disputes.

Ainsi, lorsque deux partenaires rentrent en conflit, je leur explique le principe de résonnances des blessures pour réussir à dépasser cette phase du « couple conflictuelle » et entrer dans le stade suivant :

  1. Le couple conscient:

Pour passer du stade du couple conflictuel au couple conscient, il convient de prendre conscience des blessures de chacun pour que « l’autre » ne soit plus responsable des problèmes. Cette conscientisation permet au couple de comprendre la véritable portée des actions inconscientes au quotidien. La thérapie est une véritable alliée pour réussir ce passage.

Chacun des partenaires devient conscient du fait que ce sont ses propres blessures qui lui font mal. L’autre n’est qu’un miroir, le déclencheur de nos blessures.

On comprend bien ici à quel point l’inconscient a le secret pour réunir « le couple parfait », c’est-à-dire les personnes capables, par miroir, de mettre en lumière les blessures mutuelles… dans l’objectif de les guérir ! C’est en cela que l’on peut voir les crises comme de véritables opportunités de changement vers la paix.

Quand un couple devient « conscient », chacun des partenaires comprend que la vie ne les a pas mis sur le même chemin par hasard mais dans le but de révéler le meilleur de soi-même versus le pire à travers le réveil des blessures. Chacun réalise qu’il n’est pas responsable des réactions de l’autre mais qu’elles sont liées à la période de l’enfance. Et puisque les partenaires comprennent que durant les crises, l’un ou l’autre a déclenché involontairement la réaction de son conjoint en réactivant une blessure profonde, la personne en question va donc pouvoir présenter ses excuses en expliquant posément ce que l’autre a mal perçu ou en proposant une alternative future pour éviter de réveiller une nouvelle blessure du même type.

Du côté du partenaire blessé, sachant que sa réaction est due à son passé, il lui sera plus rapide de se ressaisir en relativisant et en arrêtant de se torturer.

Retenez que lorsque le couple est conscient, chacun porte en lui des blessures, il a le choix de les soigner (ou pas) comme de décider de poursuivre son chemin ensemble et de les transformer en lumière. C’est donc à partir du moment où les partenaires ont compris leur manière respective de fonctionner que le couple peut se diriger ensuite vers le stade « créateur » décrit ci-après :

  1. Le couple créateur:

C’est le couple libéré de ses principales blessures. A ce stade, aucun partenaire ne cherche à changer l’autre. Nous sommes sur un modèle de couple qui a pu sortir de ses instincts primaires et qui ne répond plus à ses blessures mais à sa sagesse intérieure. Le couple créateur est passé par les stades de conflits, ce qui lui a permis d’en tirer une grande expérience. Ce modèle de couple sait désormais ce qu’il ne souhaite plus vivre et surtout ce qu’il souhaite vivre.

Il a soigné ses principales blessures et même s’il lui en reste, il sait comment les interpréter pour faire en sorte qu’elles ne détruisent pas sa relation. En connaissant les blessures de l’autre comme les siennes, les partenaires s’entraident en cas de conflit en reconnaissant l’expression de leur blessure mutuelle. Ils communiquent ainsi librement et s’acceptent dans leur imperfection.

Quand un couple a su entrer à ce stade, après plusieurs années de vie commune, les partenaires vivent généralement une « seconde jeunesse ».

  1. Le couple divin:

Il est question d’un modèle de couple uniquement présent dans les mythes et les contes. Pour cette raison j’ai jugé inutile de vous le présenter ici.

En conclusion de cette 1ère partie, j’ai choisi un extrait de Thierry Janssen, psychothérapeute et auteur belge pour illustrer mes propos :

“L’autre ne nous blesse pas : il nous révèle simplement que nos plaies n’étaient pas guéries. Nous avons cru que la rencontre avec un autre nous avait guéri. C’était une illusion, car la guérison ne vient jamais de l’extérieur, toujours de l’intérieur.

La relation avec l’autre est donc pour nous un révélateur de nos manques et de nos souffrances cachées. Croire qu’une relation, quelle qu’en soit la nature, peut nous faire oublier nos manques et nos souffrances est un leurre. Cela conduit inévitablement à la déception. 

En revanche, si nous envisageons nos relations avec les autres comme une opportunité de nous connaître, nous pourrons commencer à combler nos besoins et guérir nos blessures.

Tant que nous nous berçons de l’illusion que l’autre possède la clé de notre bonheur, nous restons dans un état de dépendance. L’autre représente une drogue dont le sevrage nous est intolérable. Le manque réveille notre souffrance, notre crainte et donc notre colère”. 

A présent que vous avez pris connaissance des principales caractéristiques relatives aux 4 stades du couple, que vous décidiez de franchir ou non ces étapes, vous avez toutes les clés pour prendre conscience des raisons profondes qui marquent vos tribulations afin d’éviter les répétitions.

Je le souligne une fois de plus, cette prise de conscience passe par la compréhension qu’aucun des partenaires n’est responsable des blessures de l’autre, et que ce sont nos blessures qui provoquent les conflits. En apprenant à soigner ses blessures, un partenaire blessé intégrera plus aisément que s’il ressent une douleur, c’est qu’une ancienne blessure raisonne en lui, et que si l’autre la réveille, il ne peut être porté responsable de la douleur ressentie. Voilà ce que signifie « être conscient » (Cf. le stade du couple conscient N°3.).

Personnellement, quand un actient* m’expose ses difficultés à travers son couple, j’initie généralement un travail sur l’enfant intérieur suivi d’un protocole de réharmonisation du Masculin et du Féminin intérieur et d’une invitation à expérimenter une Communication Non Violente au sein du foyer.

Pourquoi ce choix ?

Vous avez compris que la rencontre échappe à la volonté consciente puisqu’elle se décide, au niveau inconscient, entre « le petit garçon et la petite fille » intérieurs des adultes. Moussa Nabati dans son ouvrage « Guérir l’enfant intérieur » explique à merveille la manière dont « l’Enfant intérieur, en ange gardien protecteur, oriente un individu vers des rendez-vous constructifs ou le pousse, à l’inverse, en fantôme persécuteurs, dans des culs-de-sac, vers des assemblages sado-masochistes et autodestructeurs ».

Autrement dit, ce n’est pas vraiment l’adulte qui choisit librement ses amours mais son enfant intérieur. Il joue par exemple, d’une part le rôle du père ou de la mère, de l’ami(e), du thérapeute qui veut guérir l’autre et d’assistant(e) social(e)… et d’autre part, celui du petit garçon ou de la petite fille en quête d’affection, de reconnaissance et de considération. D’où l’importance de réparer l’enfant intérieur en nous.

Ensuite le protocole sur le Masculin et le Féminin intérieur semble assez évident puisque le Masculin et le Féminin intérieur agissent comme des miroirs sur la femme et l’homme qui constituent le couple. En soignant de l’intérieur ce qu’on projette à l’extérieur, les relations se modifient et le couple se transforme plus harmonieusement.

Enfin, j’encourage les personnes que j’accompagne à expérimenter les bases de la Communication Non Violente (CNV), sans forcément chercher à maîtriser l’art de la méthode OSBD* (décrit dans mon article suivant), mais en changeant les « TU » accusateurs en « JE » de responsabilité. Cette forme de communication désamorce généralement les anciens conflits. Par exemple, au lieu de dire : « Comme d’habitude, TU as oublié notre anniversaire de mariage et tu te pointes comme une fleur à 21H, espérant te mettre les pieds sous la table… » > Le partenaire blessé saura dire : « Ce soir, JE me suis sentie profondément triste et abandonnée quand j’ai vu qu’à 21H tu n’étais toujours pas rentré alors que c’est notre anniversaire de mariage ». Dans cette forme de communication, le partenaire blessé n’utilise pas la provocation, le rapport de force ou la culpabilisation, il exprime simplement son sentiment devant les faits. Chacun sait que l’autre n’a pas blessé volontairement son amoureux/se. Le partenaire qui a involontairement blessé l’autre ressent souvent un certain malaise en comprenant qu’il a fait (ou dit – selon le cas) quelque chose qui a été mal perçu par l’Enfant intérieur de son amoureux/se.

Quand les deux partenaires viennent me voir dans le cadre d’une thérapie de couple, la CNV est expérimentée sur plusieurs séances pour plonger dans l’enfance de l’un et l’autre de façon à retrouver la source des blessures respectives. On ajoute en sus des visualisations, on élabore des listes pour que chacun des partenaires puissent exprimer ce qu’il aimerait dans le couple et définir un calendrier précis et équilibré. L’objectif final étant de trouver dès que possible une harmonie au sein du couple.

Certains me demande, s’il existe de véritables relations d’amour ?

Affirmatif !

Je dirais qu’une vraie relation d’amour c’est une relation d’adulte à adulte, portée par le désir d’échanger ensemble sur le plan physique et psychologique.

Elle est caractérisée par une alliance dans le respect et l’acceptation des différences de chacun, dans un juste équilibre entre donner et recevoir, dans une intelligence émotionnelle réciproque qui exclut tout mutisme ou émotion extrême.

Une vraie relation d’amour suppose que chaque partenaire soit capable d’exister seul, de s’aimer et de s’assumer personnellement. Ce qui sous-entend qu’aucun des partenaires ne réagit de façon exagérée en cas d’éloignement ou de séparation.

Dans les fameuses expressions communément employé, j’ai cité celle de « ma moitié » pour qualifier son partenaire. Je dirais que c’est au contraire quand deux êtres ont compris qu’ils étaient complets qu’ils peuvent véritablement s’aimer et incarner l’équation 1 + 1 = 3 !

Le véritable amour est loin du cliché coup de foudre puisqu’il se construit et se renforce avec le temps. C’est tout l’inverse du partenaire idéalisé dans le 1er stade de la rencontre amoureuse (cf. couple instinctif-romantique N°1) qui n’est pas estimé pour ce qu’il est véritablement, mais positionné à la place du « parent idéal » où l’on attend de lui qu’il compense le parent protecteur qui a manqué.

Je crois qu’il est venu le temps de cheminer sur la voie du véritable adulte en faisant le deuil des parents idéaux et en choisissant consciemment un partenaire pour expérimenter le couple créateur.

Pour ceux qui me connaisse personnellement, vous savez à quel point j’ai l’habitude de rappeler que chaque être est unique. Partant de ce postulat, il est évident qu’il n’existe pas de « moitié » pour combler nos manques. Et même si nos rencontres peuvent panser nos blessures, elles ne peuvent pas nous combler véritablement, c’est à nous SEULS qu’il revient de parcourir le chemin vers la transformation, tels de véritables alchimistes.

Pour ceux et celle qui ne réussissent pas à fonder un couple harmonieux et équilibré, je vous invite à soigner votre enfant intérieur pour ne pas rejouer des scénario inconscients inspirés de votre passé.

Avec toute mon affection,

Ambre Cazaudehore

*Un actient est un patient qui agit

*Le modèle de la CNV avec la méthode OSBD est l’abréviation de :

  1. Observation des faits
  2. Sentiment
  3. Besoin
  4. Demande

Ambre Franrenet Cazaudehore est une praticienne psychocorporelle, née le 23 avril 1979. Elle a écrit plusieurs livres et donné des conférences et formations en développement personnel. Elle partage son temps entre ses consultations en région parisienne et à Montauban. Mère d’un petit garçon et belle-mère de deux adolescentes, elle anime régulièrement des stages pour favoriser l’autonomie et la pleine conscience.

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