Pour se réconcilier avec cette émotion et la transformer en force !

Des 4 émotions fondamentales que sont : la joie, la tristesse, la peur et la colère, cette dernière est la moins bien acceptée, pour ne pas dire la pus mal-aimée ! Les remarques désobligeantes fusent lorsqu’une personne exprime ouvertement sa colère. Etre témoin de l’expression de la colère peut faire remonter les terreurs de l’enfance face à un père colérique qui pouvait se laisser emporter jusqu’à frapper ! Cela peut aussi faire écho en soi et réveiller une émotion de colère non exprimée comme cela peut engendrer l’émotion de la peur ou encore de l’impuissance.

En réalité, la colère est une émotion comme les autres : elle est utile et peut représenter une force, une véritable énergie intérieure. Evidemment, tout dépend de la manière dont elle est utilisée ! A l’image d’torrent de montagne, elle peut tout détruire sur son passage ou produire de l’électricité pour toute une vallée (lorsqu’elle est contrôlée et canalisée).

La colère sert à communiquer et à préparer à l’action. Le problème, c’est que trop souvent, on confond « colère » et « violence » alors que la colère bien exprimée n’est pas violente, elle est un ressenti. Elle est une expression de ce ressenti dont nous devons prendre la responsabilité : « je suis en colère » et non pas « tu m’as mis en colère » ou encore « tu es nul ».

C’est seulement quand la colère est mal gérée qu’elle devient source de violence. C’est pourquoi il nous revient d’apprendre à interpréter intelligemment les situations de la vie, et apprendre à exprimer ce que l’on ressent en tenant compte du contexte.

Dans les couples, il est fréquent de remarquer la complémentarité des partenaires : par exemple, une femme colérique violente avec un homme dans le déni de ses colères. La réconciliation avec la colère permet d’être plus vivant, plus joyeux et plus authentique.

Voyons désormais la différence entre une colère exprimée avec violence et une colère exprimée sans violence. Pour bien comprendre la différence fondamentale entre les deux, nous vous proposons d’écouter une situation banale au sein du couple Chouchou & Loulou avec une

1ère version en mode “colère violente” puis une 2ème version sans violence.

Une émotion peut se définir comme une réaction soudaine de tout notre organisme, avec des composantes physiologiques (corps), cognitives (l‘esprit), et comportementales (actions). L’émotion peut également se définir comme un mouvement qui transforme notre corps et agit sur notre esprit. C’est toujours une réaction à un événement. Lorsqu’une émotion se prolonge, on parlera plutôt de sentiment ou d’humeur.

Nous vivons dans une culture globalement anti-émotionnelle, une culture qui valorise peu la relation que chacun de nous entretient avec ses émotions, leur identification et, plus encore, leur expression. Disons que la culture dominante nous invite à choisir systématiquement les attitudes qui vont permettre d’éviter ou de limiter toute forme d’expression émotionnelle.

Nous l’avons vu précédemment, la 1ère raison pour laquelle la colère est mal aimée est dû à la confusion quasi permanente entre la colère et la violence.

Qu’il s’agisse de violence physique ou verbale (injures, menaces, paroles blessantes ou humiliantes, dès qu’une colère s’exprime avec violence verbale (par exemple : « tu es un salaud… »), nous quittons le domaine de la colère pour entrer dans celui de la violence.

Quand on enlève la dimension violente de la colère, il reste une approche exigeante mais fondée qui consiste à prendre l’entière responsabilité de l’état émotionnel dans lequel nous sommes. La meilleure manière d’y parvenir est de parler de « JE » au lieu d’accuser l’autre avec « TU ».

Dire « JE SUIS en colère » plutôt que « TU ES un salaud ».

Prenez quelques minutes et essayer de vous souvenir d’anciens souvenirs de colère avec vos proches (mère, père, sœurs… dans l’enfance). Il s’agira très probablement de colères violentes, au mois verbalement. Des colères dans lesquelles le parent en question et en colère ne prenait pas la responsabilité de son émotion.  Il était dans le reproche, le blâme… Ce qui revenait à dire : « Tu n’es pas comme je voudrais que tu sois et ça me met en colère. »

A l’heure actuelle, nous sommes la 1ère génération à vouloir exprimer nos colères sans violence (CNV), ce qui nous demande un effort considérable de créativité et de conscience.

Voici deux croyances limitantes autour de la colère :

1.Croire à tort que colère et amour ne font pas bon ménage 

N’avez-vous jamais entendu des phrases qui ressemblent à « Papa (ou Maman) ne t’aime pas quand tu es en colère » ? Le problème c’est que besoin d’amour est un besoin fondamental, c’est l’une des choses les plus fortes en nous. Ainsi, en entendant ce type de phrase, l’équation s’inscrit rapidement au plus intime de notre être : nous développons la fausse croyance selon laquelle que la colère n’a pas sa place dans une vraie relation d’amour.

En réalité, non seulement la colère ne nuit pas à la relation d’amour ou d’amitié mais au contraire, elle permet de garder cette relation vivante et de la nettoyer pour la poursuivre sans accumuler de ressentiment.

De ce fait, plus nous serons capables d’exprimer nos propres colères er d’accueillir celles des autres des autres, et moins nous aurons besoin d’être violents. La violence éclate quand la colère est réprimée longtemps ou qu’elle n’est pas entendue.

2. La colère est un des 7 péchés capitaux 

Nous vivons au sein d’une civilisation judéo-chrétienne qui depuis des millénaires, nous présente la colère comme l’un des 7 péchés capitaux. Ainsi, comme la colère est socialement réprimée, elle est particulièrement mal vue lorsqu’elle se manifeste en dehors de la sphère privée. Par exemple, si vous vous mettez en colère (même sans violence) dans un lieu public, vous risquez fort d’être montré du doigt ou regardé de travers. Il en est de même dans tout milieu professionnel, exprimer de la colère engendre souvent des effets négatifs pour votre évolution.

  • La recherche du soi-disant coupable de la colère 
être en colère contre

Il est intéressant de souligner que si la tendance dominante est d’assimiler la colère à une faute ou même à un péché, il est « normal » qu’il faille trouver un coupable à l’origine de cet inacceptable dérapage émotionnel !

Conclusion : Lorsqu’une colère est exprimée, il y a une cause extérieure qui la déclenche – un catalyseur, un détonateur, une occasion, un prétexte – mais il n’y a pas pour autant de faute commise par l’un des acteurs de la situation.

Et nous l’avons vu en introduction, la colère est une émotion qui a une double fonction : préparer à l’action et communiquer.

Se préparer à l’action revient à se préparer au combat,

Et communiquer, c’est chercher à intimider l’autre. Faire passer le message suivant : « Attention, ce que tu fais ne me convient pas et si tu continues je vais me battre avec toi. D’ailleurs, regarde comme je suis fort et dangereux. »

Notons que la colère est commune à l’homme et à l’animal. Et comme notre colère est destinée à montrer à l’autre que s’il persiste dans son comportement, nous allons « aller plus loin » et devenir combatif, voir violent ; en exposant notre « puissance », nous cherchons à intimider notre « adversaire » pour le dissuader de poursuivre le comportement qui nous met en danger (ou tout du moins qui ne nous convient pas du tout).

Retenons qu’il est tout à fait possible :

  1. D’exprimer la colère sans violence,
  2. Regarder la violence sans jugement pour ne pas agir sous son effet.

L’expression de la colère sans violence est la meilleure prévention de la violence.

Prendre conscience de cette part de violence en nous est sûrement le meilleur moyen pour ne pas la rendre active ou dangereuse.

On peut distinguer 3 « sortes » de colères :

  •  La colère contre soi : il vaut mieux se l’exprimer intérieurement sur le mode de la colère plutôt que de se ronger sur le mode de la culpabilité. Être capable de se dire par exemple : « Je suis en colère contre moi, je ferai mieux la prochaine fois ». Plutôt que de dire : « Je suis nulle, je n’y arriverai jamais ». Plus nous acceptons que nous sommes imparfaits, plus il nous est facile d’accepter les imperfections des autres et du monde.
  • La colère contre les autres : nous sommes ici dans une problématique d’affirmation de soi et de respect de son territoire. Nous pouvons apprendre à nous affirmer et à faire respecter notre territoire sans violence.
  • La colère contre le monde : « Je suis face à mon impuissance à changer la réalité ». C’est une colère qui émerge au moment où nous voulons que la réalité corresponde nos désirs plutôt que nos désirs à la réalité.

Il est intéressant de relever que des événements extérieurs peuvent provoquer de la colère, parmi les exemples :

  • L’invasion du territoire : Si nous avons l’impression que quelqu’un fait intrusion sur notre territoire (symbolique ou réel), nous pouvons réagir par la colère destinée à faire respecter nos limites. Le territoire symbolique est représenté par notre système de valeurs (ce que nous pensons juste, acceptable, ce qui se fait/pas) alors que le territoire réel commence par notre corps et peut s’étendre à nos proches, notre maison, notre voiture et nos possessions.
  • La peur : les émotions se construisent à l’intérieur de nous-mêmes comme un millefeuille et sous chaque émotion s’en cache une autre. La peur est très présente sous la colère. Par exemple, une des raisons de notre colère peut être la peur de ne pas être reconnu, le sentiment de n’être ni respecté, ni apprécié à notre juste valeur, ni compris ou entendu.
  • La fatigue et le stress : La fatigue de nos vies trépidantes nous laisse peu de temps pour nous reposer. D’ailleurs, même nos loisirs sont très actifs et rares sont les moments pour décompresser. Nos activités sont si nombreuses que nous avons souvent l’impression d’être sous pression. Pour certaines personnes, cela génère un stress considérable qui, parfois, se décharge sous forme de colère particulièrement agressive. Concrètement, l’adulte stressé explose pour se faire du bien en faisant du mal aux enfants ou autres boucs émissaires…

Le développement de la conscience permet de limiter les effets excessifs de la biologie, il nous semble essentiel de nous engager sur cette voie en vue de créer des relations équilibrées et saines.

Maintenant, voyons les individus qui se considèrent comme étant colériques et les non colériques,

Dans les deux cas, nous devons apprendre à nous exprimer avec conscience

Dans tout groupe humain de nos sociétés post-industrielles, on retrouve d’une part, ceux qui ont du mal à identifier leurs colères et à les exprimer et, d’autre part, les colériques qui expriment souvent leurs colères mais qui souffrent d’être emportés dans la violence (au moins verbale).

La voie médiane qui consiste à exprimer nos colères sans violence s’apprend. Ce qui a été vécu dans l’enfance et l’éducation influencent notre manière d’exprimer nos émotions et il est vrai que nous ne naissons pas biologiquement égaux face aux émotions. Les colériques font partie des hyper émotionnels. Il y a des familles qui se transmettent la colère d’une génération à l’autre et d’autres familles qui sont beaucoup plus paisibles. Il en va sans dire que les colériques souffrent de leur très grande sensibilité émotionnelle. La souffrance psychique du colérique c’est la honte mais aussi le sentiment de culpabilité chaque fois qu’il a été violent (moralement ou physiquement). Lorsqu’une personne est en colère, c’est généralement qu’elle a peur et qu’elle s’est sentie blessée dans son amour propre. Cette douleur psychique va entrainer un désir de vengeance : « tu m’as blessé et je vais te blesser à mon tour ».

Si le colérique physiquement violent ne dirige pas sa violence contre les autres, il la retourne souvent contre lui-même.

& du côté de ceux qui n’expriment pas (ou très peu) leur colère

L’éducation et l’imitation joue un rôle tout aussi important que pour les colériques.

Une conséquence désastreuse de cette répression systématique de la colère est, souvent, le développement d’un comportement coupant, ironique, cynique, hautain. L’entourage de  ceux qui n’expriment pas (ou très peu) leur colère parlent par exemples de « forteresse », d’inaccessibilité », « regard glacial »… pour décrire leur comportement.

A l’opposée des colériques, l’expression paravent sera le plus souvent la tristesse qui prendra la forme d’une plainte puisque la voie de la colère est interdite. Par exemple, on les entendra dire :  « Comment oses-tu me  traiter de la sorte ? »

Sachant que la colère est une puissante énergie en mouvement, les colériques laissent le feu se déclarer à l’intérieur d’eux-mêmes et s’en débarrassent en exprimant leur colère alors que les non colériques, nient cette énergie ou la transforment.

Dans le 1er cas, l’évitement / le déni : On les entendra dire par exemple : « Non vraiment ça ne me concerne pas. J’ai la chance d’avoir un comportement calme, modéré… Je ne suis jamais en colère »

La coupure de eux-mêmes est tellement « réussi » que la sensation de colère n’est plus du tout perceptible.

Soulignons au passage que l’expression de la colère est l’une des meilleures modalités de prévention de la violence.

& dans le 2ème cas, la transformation : Cette énergie de feu qui prend sa source dans le ventre est transformée sous 5 formes d’énergies qui sont : la culpabilité, l’hyperactivité, la somatisation, la victimisation (on accuse l’autre d’être méchant) et la fuite.

Le non colérique qui accepte d’apprendre à exprimer ses colères a, tout comme le colérique, un deuil à faire, en particulier le deuil d’une image, celle de quelqu’un de toujours calme, en contrôle de lui-même et gentil ! C’est probablement le bénéfice le plus important du non colérique qui, surtout au sein du couple, se verra distribuer le rôle plus ingrat du méchant.

La colère sans violence

Il est possible tant pour les colériques que les non colériques d’apprendre à exprimer leurs colères sans violence sachant que tous les êtres humains ont de la colère en eux.

Le colérique doit apprendre à gérer ses bouffées d’émotions, à ne pas exploser de manière incontrôlée et souvent pour des motifs futiles. A l’inverse, le non colérique doit plutôt apprendre à ne pas minimiser ou nier sa colère, à ne pas se sur adapter à son environnement et à oser faire l’expérience des conflits ouverts plutôt que de se réfugier dans la fuite ou le comportement de victime.

Comment prendre la responsabilité de sa colère ?

Il s’agit d’apprendre à parler à la 1ère personne, « parler au JE ».

Prendre la responsabilité de sa colère signifie accepter de se reconnaitre comme le créateur exclusif des comportements, des sensations et pensées qui y sont associées, même si une personne ou un événement extérieurs en sont les déclencheurs.

Dans cette vidéo, nous prenons l’exemple d’une scène classique de désordre.

Loulou vit avec Chouchou et un soir où il rentre chez eux, il trouve Chouchou en train de peindre dans leur salon, totalement transformé en atelier. Sans la déranger, il va à la cuisine dans l’intention de préparer le repas. La cuisine n’est pas plus rangée que le salon : les courses du ménage sont posées sur la table, toujours dans leurs sacs…

Alors en lisant ce qui précède, chacun a probablement imaginé la réaction de Loulou lorsque Chouchou l’a rejoint dans la cuisine. Et contrairement à ce que vous pouvez penser, cette réaction n’est pas la seule possible car  il existe tout un éventail de possibilités :

  • Colère avec violence,
  • Colère sans violence,
  • Froideur silencieuse et réprobatrice,
  • Indifférence sincère,
  • Tout à la joie de retrouver sa compagne !

Prendre la responsabilité de sa colère c’est accepter que la colère soit sa réaction propre, son choix (conscient ou non) face à une situation de la vie.

Et face à une même situation (comme celle qui est décrite ci-dessous), nous avons tous des réactions différentes dont nous sommes seuls responsables. Il nous revient d’apprendre à dire : « Je suis en colère parce que tout est en désordre » et NON « Chouchou est responsable de ma colère ».

Le désordre est le déclencheur, le détonateur, le catalyseur et Chouchou n’est pas la responsable de l’émotion de son époux. Cette approche n’est pas facile car, dès l’enfance, nous avons été invités à croire que nous étions responsables des émotions des autres car nous avons entendu des phrases comme : « Maman est triste quand tu n’es pas sage », ou « Papa serait si content si tu rangeais ta chambre », etc.

Si nous pensons que nous sommes responsables des émotions de notre entourage, nous allons naturellement croire que notre entourage est responsable des nôtres. En réalité, il n’en est rien ! Un chemin de croissance personnelle implique de prendre la responsabilité de toutes nos émotions.

Cette prise de responsabilité « Je suis en colère » est d’autant plus importante que sans elle, le « JE » n’existe pas. Comme nous l’avons vu précédemment, la colère a souvent pour objectif de s’affirmer face à l’autre, dire : « J’existe ».

Aussi longtemps que nous exprimons nos émotions au « TU » (par exemple : « tu me fais souffrir, tu ne me respects pas, tu me mets hors de moi… tu es un salaud… ») le « JE » n’existe pas. L’objectif de la colère n’est pas atteint. Il nous revient d’apprendre à dire : « Je » souffre et « Je » ne suis pas content. Exprimer nos colères en passant du « TU » trop courant au « JE » (beaucoup plus rare) n’est pas un exercice facile ! Il est clair qu’abandonner les injures et paroles sciemment blessantes est possible mais l’abandon de toute forme de violence verbale (reproches, blâme, etc.) nous semble illusoire.

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances autour de la colère pour exploiter son énergie, je vous propose de lire le : « la colère, cette émotion mal aimée » de Carole et Serge Vidal-Graf

Avec toute mon affection,

Ambre Cazaudehore

Ambre Franrenet Cazaudehore est une praticienne psychocorporelle, née le 23 avril 1979. Elle a écrit plusieurs livres et donné des conférences et formations en développement personnel. Elle partage son temps entre ses consultations en région parisienne et à Montauban. Mère d’un petit garçon et belle-mère de deux adolescentes, elle anime régulièrement des stages pour favoriser l’autonomie et la pleine conscience.

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